FOCA l’Universel

FOCA est la marque de la branche photographique d’OPL (Optique et Précision de Levallois) établissement créé par le célèbre physicien et opticien le Duc Armand de Grammont, spécialisé dans la fabrication d’instruments optiques de haute précision pour la Défense et la Marine Nationale principalement, qui décida en 1938 de mettre en fabrication des appareils photographiques  haut de gamme, capables de rivaliser avec les productions allemandes prestigieuses Leica et Contax.

Une magnifique usine fut implantée dans cette vue à Châteaudun, mais l’entrée en guerre de la France contre l’Allemagne stoppa ses projets. Pendant l’occupation, les allemands interdirent toute fabrication d’appareils photographiques, c’est donc en secret que le bureau d’études mit au point les plans du premier appareil d’une gamme qui devait comporter trois modèles. Dès l’armistice de 1945, l’entreprise était donc prête à produire le FOCA « deux étoiles », milieu de gamme de modèles de précision, à télémètre et objectifs interchangeables extrèmement bien construits, d’une qualité et d’une fiabilité que n’obtinrent aucun autre de nos constructeurs français. FOCA est incontestablement la marque qui porta à son plus haut niveau le prestige des constructeurs nationaux, aidés il est vrai par la fermeture de nos frontières à toute importation étrangère.

Ce PF2, fut suivi dès 1946 duPF1 (Petit Format 1 étoile), qui ensuite devint le Foca Standard, dont les caractéristiques étaient idéales pour les « photofilmeurs » de trottoir ou de boulevard que l’on voyait partout photographier les passants, et leur remettre un ticket qui leur permettait d’obtenir leur image dès le lendemain. L’objectif livré d’origine était un 35mm, qui avait donc une profondeur de champ suffisante pour que les tirages soient d’une qualité impressionnante, et la robustesse légendaire de l’appareil permettait d’effectuer des dizaines de films par jour pendant des années.

Puis suivit en 1949 le Foca Universel. Dès le début des années 50, la gamme fut donc complète avec trois appareils :

On voit sur ce catalogue l’usine ultra-moderne de Châteaudun, qui compta jusqu’à mille deux cents employés, au coeur d’un complexe de 15 hectares qui comportait l’usine de 8000 m2, un stade, un lotissement de maisons, une école d’apprentis et les services sociaux.

Si le PF1, modèle d’entrée de la gamme n’avait pas de télémètre, ce qui ne constituait pas réellement un handicap, il en fut tout autrement du PF2B, qui jouit d’une réputation excellente et qui connut un immense succès auprès des amateurs et professionnels. L’ objectif standard à vis était couplé au télémètre, et l’obturateur à rideaux fournissait les vitesses du 1/25 au 1/1000 seconde.

Le PF2B fut complété d’un modèle identique, mais muni des vitesse lentes de la seconde au 1/10sec, désigné PF3.

Mais le fleuron de la gamme était incontestablement l’Universel, conçu dès 1949, A télémètre couplé à tous les objectifs, ceux-ci furent à monture baïonnette, ce qui le mettait cette fois à égalité aux modèles allemands d’avant-guerre de cette classe. Six objectifs interchangeables étaient prévus, du 2,8cm au 13,5cm, ainsi qu’un étonnant TéléOlpar de 6,3/50cm à miroir, les vitesses lentes étant également présentes sur le devant du boitier.

L’appareil atteignait la classe internationale, ce que ne manquèrent pas de souligner les publicités de l’époque.

L’ Universel, devenu R (levier d’armement rapide) en 1955, connut un beau succès, surtout tant que nos frontières le protégèrent. Mais en 1953, Leica sort son M3. Ce dernier lui est très largement supérieur, et la courbe des ventes de l’Universel commence à piquer du nez en 1955. Foca réagit en sortant la gamme des Focasport, et du côté de l’appareil haut de gamme, l’Universel RC, le plus prestigieux, le plus abouti des appareils français, commercialisé en 1962.

(doc Sylvain Halgand)

Trop tard ! Seulement 2000 exemplaires seront diffusés, la mode est au reflex, FOCA a bien son superbe Focaflex, sorti en 1959, mais en retard techniquement, et pour couronner le tout, le Nikon F arrive la même année. C’est lui qui remportera la bataille des années 60, et le Japon fera ensuite plier en dix ans l’Allemagne qui était revenue à son meilleur niveau.

Les Universel ont été produits entre 1949 et 1964 en moins de 40 000 exemplaires. (alors que le LeicaM3 s’est vendu en 230 000 ex).

En 1957, les prix des appareils en France sont les suivants (anciens francs) :

Ultra Fex : 2600 f     Kodak B31 : 13300 f     Retinette f : 18900 f     Focasport I : 21500 f    Foca Universel avec 1,9 : 98800 f  Leica IIIf avec 2/50 : 117000 f    Leica M3 avec 2/50 : 158400 f

Rappelons que le smic mensuel est alors de 21800 francs.

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